🏃 De l’impact environnemental à l’impact social : comment le sport peut devenir un levier de développement durable

Le sport et le développement durable sont deux domaines qui sont de plus en plus liés, car ils partagent des valeurs communes telles que la solidarité, l’inclusion, l’équité et la santé. Le sport peut jouer un rôle clé dans la construction d’un monde plus durable, car il peut être utilisé pour promouvoir des modes de vie sains et actifs, pour favoriser l’inclusion sociale et pour encourager les pratiques durables.

Quel est le rôle de la filière sportive dans la construction d’un monde plus durable ?

Les entreprises de la filière sportive ont un rôle à jouer pour accélérer l’engagement vers un monde plus durable. 

Selon les travaux du think thank « l’Observatoire du Sport Business », la filière sportive doit prendre en compte les trois dimensions du développement durable : économique, environnementale et sociale. 

• Dans le domaine économique : en développant des stratégies durables pour leurs activités commerciales, comme la réduction des émissions de gaz à effet de serre ou la promotion de pratiques commerciales éthiques et responsables. Par exemple, en travaillant avec des fournisseurs et des partenaires qui partagent leur engagement pour le développement durable.
• Dans le domaine environnemental : en réduisant son impact sur l’environnement, notamment en matière de consommation d’énergie, de gestion des déchets, de transport et de logistique. Par exemple, en organisant des événements sportifs plus durables, en utilisant des matériaux recyclables ou en minimisant les déchets produits pendant l’événement.
• Dans le domaine social : en contribuant à l’inclusion sociale et à la promotion de la santé et du bien-être. Par exemple, en encourageant l’activité physique et la pratique du sport chez les jeunes, en favorisant l’accès au sport pour tous, en particulier les personnes en situation de handicap, et en promouvant des comportements éthiques et respectueux dans les activités sportives.

En adoptant des pratiques durables, les entreprises du secteur sportif peuvent non seulement améliorer leur performance économique, mais également contribuer à la construction d’un monde plus durable et équitable pour tous.

Comment intégrer le sport dans la démarche RSE de mon entreprise ? 

Le rôle du sport dans les objectifs du développement durable ne se limite pas à la filière sportive. Toutes les entreprises, quels que soient leur secteur d’activité, peuvent intégrer le sport dans leur démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises).

Voici quelques pistes d’action à mettre en place au sein de votre organisation :

• Encourager l’activité physique et sportive pour vos employés : en proposant des activités sportives régulières à vos employés pour encourager un mode de vie actif et sain. Cela peut prendre la forme d’abonnements à des salles de sport, d’activités sportives en équipe, ou de participation à des événements sportifs. 
• Promouvoir l’inclusion sociale par le sport : en encourageant par exemple la participation de groupes défavorisés à des activités sportives. Vous pouvez par exemple organiser des événements sportifs pour les personnes en situation de handicap, ou soutenir des associations sportives qui travaillent avec des jeunes issus de quartiers défavorisés. La salle d’escalade Arkose, par exemple, valorise le « faire ensemble », crée du lien social et s’implique dans la transition écologique.
• Adopter des pratiques durables dans les activités sportives : en prenant des mesures pour réduire l’impact environnemental des activités sportives que vous soutenez ou organisez. Par l’utilisation de matériaux recyclables pour la fabrication des équipements sportifs (c’est le cas par exemple de Rossignol, qui propose des ski issus de matières recyclées et recyclables à 75%, de Decathlon, historiquement impliqué sur les enjeux de développement durable. Circlesportswear ou encore Misool par exemple),  la minimisation des déchets produits lors des événements sportifs, le recours à des modes de transports moins polluants. NOLT, est un équimentier éco-responsable qui éco-conçoit notamment des cônes et plots d’entrainement à l’aide de textiles usagers. Les Internationaux de Tennis de Strasbourg, s’engagent, depuis 2010, sur deux aspects : en plus de transmettre les valeurs sportives en mettant en avant la place de la femme dans la société et le sport, les Internationaux de Strasbourg veulent également s’engager à transmettre des valeurs environnementales et durables. 
• Soutenir des initiatives sportives à impact social et environnemental positif : en soutenant des projets qui utilisent le sport pour promouvoir la santé et le bien-être, pour lutter contre les discriminations, pour favoriser l’inclusion sociale ou lutter contre la pollution. Par exemple, l’association Surfrider Gironde propose, tous les mercredis sur les quais de Bordeaux, un plogging : le concept est simple : courir avec un sac poubelle, afin de ramasser les déchets croisés en chemin.
• Travailler avec des partenaires sportifs engagés dans le développement durable : vous pouvez notamment établir des critères de sélection qui prennent en compte les pratiques durables de vos partenaires. Supporter, par exemple, est une association qui se donne pour objectif de faire progresser les acteurs du sport (sportifs, clubs amateurs et professionnels, distributeurs et équipementiers du sport ou encore collectivités) pour mettre en oeuvre un sport plus responsable, prendre en compte les enjeux de transition écologique, créer du lien social, encourager le développement local, diminuer les déchets dans le sport et le rendre plus accessible. L’agence Ecolosport, entreprise de l’ESS, accompagne les acteurs du sport dans leur transition écologique et sociétale, à travers trois pôles : conseil, communication et formation.

En intégrant le sport dans votre démarche RSE, vous pouvez donc non seulement améliorer votre image et votre réputation, mais également contribuer à la construction d’un monde plus durable et plus équitable pour tous. Le sport peut être un catalyseur de changement pour un monde meilleur, et toutes les entreprises, quelles qu’elles soient, ont un rôle à jouer pour faire de cette vision une réalité.

3 questions à Benjamin de Molliens, éco-aventurier et conférencier

Quel lien fais-tu entre le sport et l’écologie ?

A l’heure actuelle, le sport tel qu’on le pratique reflète bien notre modèle de société : cette forme de course à la performance, on se bat pour des centièmes de seconde, on s’équipe avec du matériel toujours plus performant (et souvent extrait ou fabriqué à l’autre bout du monde), on veut toujours repousser les limites, conquérir plus de sommets (donc se déplacer toujours plus loin), on se crée de nouveaux besoins (et donc de l’obsolescence). Et cette façon de penser et d’agir ressemble beaucoup à ce qui se passe dans notre société, et de base ce n’est pas très compatible avec la protection de l’environnement. 

En bref, aujourd’hui, le sport fait plus de mal que de bien à l’environnement. Et c’est contradictoire parce qu’une grande partie des sports (sports de glisse, outdoor, d’aventure) n’est permise que par la nature elle-même, et pour autant nos activités l’abîment et mettent en péril cet équilibre. 

Cependant, je pense qu’on peut créer un lien plus vertueux. En effet, le sport est un vecteur immense d’émotions, il fédère au-delà des convictions, génère de belles choses et de belles valeurs comme l’humilité, la solidarité, etc. Il n’y a qu’à voir des évènements comme la coupe du monde de football, l’UTMB à Chamonix, ça rassemble, c’est fédérateur hyper fédérateur ! Et je pense que cela pourrait être mis à profit pour promouvoir le respect de l’environnement : c’est ce que j’essaye de faire avec Expedition Zero !

Quel est l’objectif d’Expedition Zero ?

Expedition Zero, c’est à la fois des aventures sportives et des défis citoyens simples et inspirants pour donner envie au plus grand nombre de s’intéresser à l’écologie et passer à l’action. 

• D’un côté, je réalise des aventures sportives itinérantes pendant lesquelles je respecte autant que possible 3 Zéros : 0 émission carbone, 0 déchet et 0 matériel neuf. Le but n’est pas d’être un Super Zéro mais de s’améliorer d’une expédition à l’autre. En fait, l’idée n’est pas d’être parfait mais d’essayer, et d’utiliser les émotions que procure la pratique du sport en pleine nature pour véhiculer des messages de sobriété et de protection de notre environnement, qui est notre terrain de jeu. Ces expéditions me permettent de montrer qu’une autre voie est possible, qu’on peut combiner sport et voyage avec la sobriété, sans polluer. Dans l’imaginaire collectif, la sobriété ça ne fait pas trop rêver : on nous demande de passer d’une société de l’abondance à la sobriété, ça semble être une contrainte. Mais j’ai envie de montrer que c’est loin d’être une privation, qu’au contraire on peut prendre encore plus de plaisir et d’émotions par ce mode d’aventure sportive, de voyage, à un niveau plus local.

• De l’autre, je propose et j’anime des défis éco-citoyens sur les réseaux sociaux. L’idée étant de proposer plein de petits gestes allant de l’action de s’alimenter, à s’équiper, en passant par se cultiver, se déplacer et se loger, pour permettre à tout un chacun de passer d’observateur du problème à acteur de la solution. C’est le cas par exemple de #nettoietonkm, lancé lors du confinement de novembre 2020 et devenu viral en France et à l’étranger.

Que suggérerais-tu à une entreprise qui souhaite s’engager dans une démarche de transition ?

En parallèle, on a créé Objective Zero avec Alice Isaac, une agence qui accompagne les entreprises et les administrations dans leur sensibilisation à la transition écologique.

Donc le premier conseil que je donnerais aux entreprises qui souhaitent aborder ce sujet, c’est de se former, car on manque cruellement de connaissances sur le climat, la chute de la biodiversité, la pollution plastique, etc. Savoir c’est pouvoir, donc il y a un vrai besoin de se former pour ensuite agir au mieux et ne pas tomber dans le greenwashing.

L’accompagnement d’Objective Zero se fait en trois temps, depuis l’inspiration jusqu’à l’action en passant par la compréhension.

• Inspiration : Il s’agit de conférences où je vulgarise les grands sujets environnementaux, je raconte mon parcours, mes déclics, je leur partage ma propre histoire afin qu’ils puissent s’approprier le sujet et avoir envie d’agir à leur ton tour.
• Compréhension : pour cette partie, on anime auprès des équipes l’atelier participatif Déclics. Dans un premier temps, on les fait prendre conscience que leur mode de vie actuel n’est ni soutenable environnementalement, ni socialement, car notre société moderne arrive de moins en moins à nous satisfaire en terme de temps, d’argent, ou encore de santé. La deuxième partie de l’atelier permet aux participants de réaliser tout ce que l’on a gagné (bien être, temps, argent, santé…) à adopter la sobriété. À notre échelle, mais aussi à l’échelle de nos entreprises ou de notre État. 
• Passage à l’action : enfin on propose des défis réalisés sous forme de petits gestesà relever par les collaborateurs, comme #nettoietesdata, #boulotvelododo, #passeaucompost, #trietesplacards ou #tonmidiveggie. Cela permet à chacun de s’éduquer en profondeur et surtout d’agir, même symboliquement.