Pour notre second Wistalks nous allons accueillir Gilles Boeuf, un biologiste, professeur à l’université Pierre et Marie Curie, ancien président du Muséum national d’histoire naturelle. Dans cette interview, il analyse cette crise mondiale et nous apporte ses perspectives pour le monde de demain.
Une pandémie mondiale causée par des actions humaines
Gilles Boeuf nous confirme la corrélation entre pandémies et actions humaines. Il s’inspire des travaux de son collègue et ami Serges Morand.
« D’abord ce qu’il faut dire c’est que ça fait longtemps, nous scientifiques, qu’on travaille sur ces questions de relation entre l’abondance et la diversité du vivant et l’occurence de pandémies comme celle que l’on vit. »
« Puis, le scientifique développe sur la promiscuité dangereuse entre certains animaux source de nouvelles épidémies. En effet, un animal résidant au sein d’un écosystème varié est soumis à l’effet de dilution lié au nombre d’espèces présentes. Une fois extrait de leur milieu naturel ces même animaux ne subissent plus l’effet dilution et par conséquent des pathologies sont susceptibles d’apparaitre et de se développer.
« Dès le moment où on appauvrit cette diversité, on enlève trop de forêt, on a trop d’élevage intensif, on met en promiscuité des animaux qui ne se seraient jamais rencontrés, on est contre l’effet dilution. Et là !!! Les virus!!!»
De plus, il insiste sur les enjeux de la mondialisation et ses dangers pour les circulations de virus. Il appuie sur la nécessité et même l’obligation de faire du jour d’après un jour nouveau.
« Et c’est pour ça que le jour d’après, comme le président Macron disait récemment « Le jour d’après ne sera pas un retour au jour d’avant » et ça il faut absolument qu’on l’applique et qu’on change nos façons de faire.»
Un futur à l’image de la nature
Notre invité, par la suite, nous invite a réfléchir sur le bio-mimétisme et l’importance du vivant dans notre société. Comment la nature est-elle capable de faire un écosystème cohérent et biodégradable ? Il nous incite à transformer nos habitudes en nous inspirant de ce phénomène qui a donné lieu à de nombreux progrès de l’humanité.
« Arrêtons cette économie stupide qui nous amène dans la situation actuelle qui consiste à faire du profit et de l’argent en détruisant la nature et en la sur-exploitant. Voilà, c’est jouable.»
Le scientifique visionne un futur avec de nouveaux emplois avec des principes écologiques, un monde revenu à la sobriété. Pour la construction du monde de demain il est, selon lui, nécessaire d’apporter de l’entraide à l’image de la nature qui coopère pour grandir. Il craint qu’une nouvelle pandémie encore plus terrible nous frappe si l’on ne réagit pas.
Gilles Boeuf nous conseille de consommer local, de saison, et recommande aussi une éducation de la population. Il évoque la nécessité de créer une véritable culture de l’impact c’est a dire. « Que chacun ait une culture de l’impact. Si je fais ça qu’est ce qui va se passer ? » Mais aussi de l’enseigner très tôt :
« Tout petit, l’écologie il faut l’enseigner à l’école maternelle. Il faut l’enseigner tout petit. Le respect de la beauté du vivant.»
De l’éducation, du partage, du bon sens et de la réfléxion
Il conclue ce chapitre en disant :
« Je peux résumer ça par une petite phrase : je suis chef d’entreprise, j’ai une famille des enfants, des petits-enfants, je les aime ils m’aiment, et surtout moi j’ai des employés. J’ai créé une entreprise que j’admire beaucoup. Tout ça vit mais comment est ce qu’on fait ça harmonieusement dans là où on aime habiter sans détruire l’endroit dans lequel j’habite ? Et c’est ce qu’on fait aujourd’hui. Voilà c’est ça la question maintenant. Tenir compte des externalités.»
Enfin, Gilles Boeuf voit l’avenir ainsi :
« De l’éducation, du bon sens, du partage, de la réflexion, et accepter de dire qu’on va plus vers ça que vers ça et maintenir des capacités de création d’emplois des jeunes sans creuser leurs tombes c’est ça la question. »
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